🧬 Ce que l’on sait (et ce que l’on ignore encore)
Il existe, dans la race Ragdoll, un syndrome rare et peu connu : une forme de nanisme létal qui touche certains chatons, le plus souvent dans les toutes premières semaines de vie.
C’est un sujet délicat, souvent mal compris, parfois minimisé, d’autres fois exagéré. Chez Trycoline’s, nous faisons le choix de la transparence — en tant qu’éleveurs responsables, mais aussi pour rassurer les familles qui nous confient l’adoption de leurs compagnons.

📌 De quoi parle-t-on exactement ?
Certains chatons, pourtant issus de lignées en bonne santé apparente, montrent très tôt des signes de croissance anormale. Ils sont :
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Ces chatons présentent aussi souvent :
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Dans la majorité des cas, ces chatons ne survivent pas au-delà de quelques semaines ou mois. Les rares qui vivent plus longtemps ne développent pas un état compatible avec une adoption ou une qualité de vie acceptable.
🧪 Origine du syndrome : ce que les vétérinaires ont exclu
Il est important de comprendre que ce type de nanisme ne correspond pas aux formes déjà identifiées dans d'autres races ou espèces. En effet, les analyses effectuées sur ces chatons ont systématiquement exclu :
- les mucopolysaccharidoses de types I, VI, VII (2), VII (3),
- ainsi que l’hypertyroïdie congénitale (variante 1).
✅ Tous les tests disponibles se sont révélés négatifs.
Cela signifie que nous faisons face à une forme inédite de nanisme, propre à la race Ragdoll — et encore non identifiée scientifiquement à ce jour.
Aucun test génétique n’existe actuellement pour détecter cette mutation.
🧬 Et les causes suspectées ?
Certaines hypothèses circulent au sein de la communauté des éleveurs, basées sur les constats de terrain.
L’une des lignées les plus fréquemment citées est celle issue de la célèbre femelle Patriarca Gucci, surnommée “PG”.
➡️ Attention : rien ne prouve que cette lignée soit la seule responsable, ni que l’origine du syndrome soit strictement liée à cette souche.

Cependant, plusieurs reproducteurs affectés ou porteurs potentiels partagent cette ascendance. Cela a conduit de nombreux éleveurs à suspendre ou limiter les croisements PG × PG, par mesure de précaution.
Chez Trycoline’s, aucun de nos mâles reproducteurs ne porte la lignée PG. Nous avons quelques femelles qui en sont issues — leur ascendance est clairement mentionnée sur leurs fiches pour une totale transparence.
📄 Données SRC (juin 2017) : Patriarca Gucci et recommandations d’élevage
En juin 2017, le Scandinavian Ragdoll Club (SRC) a publié une synthèse basée sur la cartographie des pedigrees de plus de 40 chatons atteints de nanisme. Tous avaient en commun la présence de Patriarca Gucci dans leur ascendance — parfois jusqu’à 8 ou 9 générations en arrière. Cette chatte, née le 18 mars 2001, est donc un point de vigilance généalogique.
🔬 Le matériel collecté a permis à la SLU (Université suédoise des sciences agricoles) de lancer un projet de recherche financé par les fonds SKKs & Agria. En parallèle, le conseil de santé de la SVERAK a également été sollicité pour collaborer à l’analyse.
📊 Entre 2015 et 2016, sur 80 accouplements ayant un double Gucci dans le pedigree, 18 portées ont donné naissance à au moins un chaton nain — soit un taux global de 22,5%. En excluant les 22 portées issues de lignées considérées à faible risque (notamment Prima Donna de Seierø et ses descendants), le taux grimpe à 31,0%.
✅ Le SRC recommande donc :
- de ne pas multiplier Gucci dans les accouplements,
- de cartographier les lignées pour identifier les branches à faible risque,
- de favoriser les croisements libres afin d’éviter l’omniprésence d’une lignée dans toute une population.
Il est également noté que certains individus issus de Prima Donna de Seierø — Hvenhildas Rufus, Rakel et Ulrik — n’ont produit aucun cas connu de nanisme malgré des accouplements à risque. Ces lignées sont temporairement considérées à faible risque, mais sans garantie.
Source : Scandinavian Ragdoll Club, d’après données FindUs – SVERAK (juin 2017)
🧩 Une origine génétique encore floue, mais une prudence partagée
Les observations sur le terrain suggèrent une transmission héréditaire, probablement liée à un gène récessif. Cela signifie que :
- Deux parents porteurs du même gène peuvent avoir une partie de leur portée touchée,
- Mais que la majorité des chatons nés de ces mariages restent sains,
- Le taux d’expression du syndrome n’est pas encore bien compris (certaines portées semblent plus touchées que d'autres).
Certains éleveurs évoquent une pénétrance incomplète ou variable :
Le gène serait bien présent, mais son effet ne s’exprimerait pas systématiquement ou avec un effet plus ou moins visible chez les chatons homozygotes.
⚠️ À ce jour, aucune étude génétique formelle n’a permis de confirmer le mode de transmission exact. C’est donc un travail d’observation collective, conduit par les éleveurs concernés, qui guide aujourd’hui les choix de reproduction.
🧬 Pourquoi ne pas exclure toutes les lignées concernées ?
Parce que cela reviendrait à éliminer une partie significative du patrimoine génétique du Ragdoll.
La lignée PG est présente dans de très nombreux pedigrees, y compris parmi les lignées les plus équilibrées et typées.
👉 Pour éviter de réduire la diversité génétique de la race — déjà limitée —, de nombreux éleveurs choisissent :
- de ne pas marier deux reproducteurs issus de cette lignée,
- de conserver un suivi rigoureux des chatons issus de ces croisements.
Chez Trycoline’s, c’est la ligne que nous avons adoptée.
👶 Qu’en est-il pour les chatons de compagnie ?
💡 Les adoptants n’ont aucune inquiétude à avoir.
Les chatons qui développent cette forme de nanisme ne survivent généralement pas au-delà de quelques semaines ou mois. Ils ne sont jamais proposés à l’adoption.
Les chatons disponibles dans les élevages sérieux comme Trycoline’s sont :
- issus de lignées surveillées,
- élevés sous observation constante,
- manipulés, pesés, socialisés dès les premiers jours,
- et évalués avant tout placement.
➡️ Un chaton Ragdoll adopté comme compagnon n’est pas concerné par ce risque.
💬 Et maintenant, que faire ?
En l’absence de test ADN :
- La transparence reste la meilleure protection pour la race.
- Les échanges entre éleveurs sont essentiels pour identifier les cas et les remonter.
- Les adoptants peuvent poser leurs questions sans tabou : un bon éleveur saura y répondre.
Chez Trycoline’s, nous pensons qu’il est dangereux d’occulter les problèmes de santé sous prétexte de préserver une réputation. Rassurer ne veut pas dire cacher. Cela veut dire expliquer, informer, et protéger avec bienveillance.
💡 Astuce Trycoline’s
Le nanisme du Ragdoll est un sujet encore mal connu, mais il ne doit pas faire peur.
Chez Trycoline’s, nous suivons chaque lignée, nous échangeons avec des vétérinaires spécialisés, et nous faisons évoluer notre programme d’élevage pour allier éthique, santé et diversité.
Chaque adoption est le fruit d’une vigilance constante, et d’un engagement sincère envers le bien-être de la race 🐾
🔍 Pour aller plus loin
Le club scandinave du Ragdoll (SRC) met à disposition une galerie de photos et vidéos permettant d’illustrer visuellement les cas de nanisme observés dans la race. Ces ressources, bien que sensibles, sont précieuses pour mieux comprendre les signes visibles chez les chatons affectés.
🙏 Remerciements
Merci aux éleveurs, passionnés, clubs de race et vétérinaires qui, par leurs observations, partages et engagements, participent chaque jour à une meilleure compréhension du Ragdoll — et contribuent, ensemble, à faire avancer la sélection dans la bienveillance et la responsabilité. 🐾
📚 Sources
- Scandinavian Ragdoll Club – Enquête et statistiques 2015-2016
- FindUs – Base de données généalogiques félines (SVERAK)
- Ragdoll France – Historique et diffusion de la race
- Ragtastic Cattery – Contributions sur l’histoire des lignées
- Dollypurrs – Témoignages d’éleveurs
- Ice Princess – Informations sur les conflits autour de l’IRCA
- Jollytime Ragdolls – Réflexions sur les mutations génétiques